Drame intrafamilial à Frameries: «Notre société a beaucoup de retard dans la vision qu’elle a de l’e
- Maurane Hogne
- 25 févr. 2021
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Home > Régions > Mons-Centre > Frameries - 03-02-2021 à 16:25 - Ugo PETROPOULOS - L'Avenir
Maurane Hogne, conseillère communale à Frameries, en appelle aux ministres pour changer les mentalités en matière d’éducation, qui tolère encore trop la violence.Facebook/ Maurane HogneUne éducation faite de claques aux fesses peut-elle engendrer un monstre rouant de coups, jusqu’à la mort, un enfant? Une conseillère communale framerisoise en appelle au débat, après le drame qui a frappé sa commune. En Wallonie, 40 plaintes quotidiennes pour violences conjugales ont été enregistrées en 2016. Ce chiffre ahurissant, Maurane Hogne, jeune conseillère communale à Frameries, le rappelle dans une lettre ouverte à trois ministres: Vincent Van Quickenborne (Fédéral, Justice), Bénédicte Linard (Communauté, Enfance) et Christie Morreale (Région, Égalité des chances). Ce courrier (à découvrir en bas de cet article) fait suite au drame intrafamilial qui secoue la commune boraine de Frameries, où une fillette de 22 mois est décédée d’une hémorragie cérébrale, après avoir vraisemblablement été rouée de coups par le compagnon de la mère de la petite fille. Maurane Hogne habite à quelques centaines de mètres des lieux du drame. LIRE | Une fillette de 22 mois retrouvée morte et rouée de coups Dans cette lettre, elle alerte et exhorte les ministres à agir contre le phénomène des violences intrafamiliales, tristement ordinaire. Maurane Hogne, qu’est-ce qui vous a poussé à prendre la plume, la proximité du drame? Dans un premier temps, oui. Dans un deuxième temps, j’ai toujours été sensible à cette problématique et c’est aussi pour ça que je me suis lancé en politique: pour défendre les droits des enfants. Quand j’ai appris cette nouvelle, ça m’a beaucoup heurté. Je me suis sentie impuissante: ça s’est passé près de chez moi, mais on se sent démunie. Qu’attendez-vous comme retour de la part des ministres à qui vous vous adressez? J’aimerais, qu’en termes de loi, la Belgique soit plus proactive. Je sais que ma lettre ne va pas révolutionner le monde judiciaire, mais je pense que c’est le moment de s’intéresser un peu plus à ce genre de faits, très récurrents et accentués par la crise sanitaire. On n’en fait pas assez et j’aimerais que cette situation soit prise au sérieux et qu’on en parle. On doit se rendre compte qu’il y a beaucoup de progrès à faire en termes de droits et du respect des enfants. On n’en parle pas assez de cette violence faite aux enfants? Non. Notre société a beaucoup de retard dans la vision qu’elle a de l’enfant. On les considère encore trop – je caricature – comme des êtres inférieurs qui doivent apprendre des adultes. Il y a beaucoup de violence éducative, on ne les considère pas comme des futurs adultes qui ont aussi des droits, qui peuvent poser des choix. Il y a beaucoup de progrès à faire au niveau de notre vision de l’enfant. Je pense aussi que notre société est dans un système de pouvoir, celui du professeur qui apprend et de l’enfant qui reçoit cet apprentissage. On valorise trop la compétition entre enfants… Je pense que la mentalité doit changer, que l’enfant devienne le cœur de notre société parce que c’est le futur acteur de demain, qu’il est essentiel et a des droits, comme un adulte. Beaucoup pensent qu’une petite claque sur le pête, ça n’a pas de conséquences, mais en fait si Dans votre lettre, vous mettez en exergue l’acceptation des châtiments corporels, encore considérés comme faisant partie de l’éducation. Il est temps de s’y attaquer? Oui. On éduque trop les enfants en termes de châtiment-récompense. Je ne critique pas les parents, parfois démunis, car chacun fait avec les outils qu’il possède. Mais c’est latent dans la société, beaucoup pensent qu’une «petite claque sur le pête», ça n’a pas de conséquences, mais en fait si. Et nous manquons d’une vision différente de l’éducation, qui soit plus inclusive, positive, dans la coopération entre l’adulte et l’enfant. Et ça, ça passe par l’école et dans l’accompagnement des familles. Ce discours d’une autre éducation est difficile à faire entendre… Oui. On a tendance à véhiculer ce message que l’enfant doit obéir, qu’il n’est pas «un être terminé» et qu’il faut le «dresser». La société pousse à croire qu’un enfant est respectueux parce qu’on lui apprend à l’être, alors qu’il copie ce que l’adulte fait. S’il reçoit de la violence, il risque de reproduire ce schéma dans sa vie d’adulte. Et c’est tout le problème. Alors que si on apprend dès le plus jeune âge à exprimer ses émotions, à les accepter et à savoir communiquer, on est outillé, une fois adulte, à accepter la colère, la frustration et à maîtriser ses émotions. C’est essentiel.

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